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CHERCHEZ HORTENSE de Pascal Bonitzer

Pascal Bonitzer nous présente une comédie à la fois tendre et mélancolique, où les situations cocasses et dramatiques s’amalgament avec une grande délicatesse.

Damien (Jean-Pierre Bacri), personnage central de cette histoire, est un professeur de civilisation chinoise marié à une «metteur en scène» de théâtre, Iva (Kristin Scott Thomas). Celle-ci insiste vivement pour qu’il demande à son père, président du Conseil d’Etat, d’intervenir auprès d’un de ses amis haut-placé pour sauver une jeune femme serbe, Zorica (Isabelle Carré), de l’expulsion. Mais cette demande va causer bien des désagréments. Damien, qui entretient des rapports complexes avec son père (Claude Rich), repousse l’idée de le contacter depuis bien longtemps et se retrouve maintenant dans l’obligation d’agir rapidement. Ces multiples «entretiens» vont mettre en exergue une incommunicabilité dévastatrice où chaque entrevue, au lieu de dénouer le problème, mène systématiquement Damien vers une situation à la fois dramatique et burlesque, tant l’incongruité de certaines rencontres nous interpelle. Comme à son habitude Pascal Bonitzer met en scène des personnages issus d’un milieu intellectuel bourgeois. Leur univers va tout d’un coup péricliter, les troubles et les déséquilibres de chacun surgissant et mettant à mal ce petit monde bien installé. En bref c’est la débâcle. Damien est enfin forcé de sortir de sa léthargie habituelle, son fils fait figure de pré-adolescent au jugement impitoyable et Iva, sa femme, finit par le quitter pour un acteur plus jeune et plus attirant. Un de ses proches amis, joué par Jacky Berroyer, incarne un type suicidaire follement troublé par une femme plus jeune que lui...

Face à cette drôle de tribu, il y a Aurore, cette jeune femme fraîche et spontanée que Damien rencontre plusieurs fois par hasard (sans se douter qu’elle est la Zorica qu’il doit «sauver»). Elle vit des moments difficiles mais sa vitalité l’emporte sur l’inertie de ce professeur bougon, désabusé mais attachant. Isabelle Carré est éminemment lumineuse et seule sa présence suscite chez Damien une certaine bienveillance. Jean-Pierre Bacri, lui, joue à merveille cet être emprisonné dans une existence cloisonnée et confortable, où l’ennuile submerge indéniablement. La crise qu’il va rencontrer, en affrontant ce problème bien réel des sans-papiers, va lui permettre d’affronter ses propres blessures affectives.

Ses confrontations avortées d’avec son père sont de petits bijoux de comédie sarcastique. Claude Rich est effroyablement jouissif en figure paternelle cruelle. Pascal Bonitzer, que nous avons connu critique et théoricien du cinéma, a laissé de belles traces dans l’univers cinématographique, autant en tant que scénariste qu’en tant que cinéaste. Il nous prouve encore une fois que sa présence dans le cinéma d’auteur français est un bienfait pour nous autres, spectateurs. Et ne comptez pas sur nous pour vous dévoiler qui est Hortense. Rendez-vous dans les salles obscures et cherchez...