En poursuivant votre navigation, vous acceptez l’utilisation de cookies à des fins statistiques.

En savoir plus

MANUEL ALVAREZ BRAVO

Un photographe aux aguets (1902 – 2002)

Manuel Alvarez Bravo, que l’on surnomme avec respect et admiration Don Manuel, nous a laissé une œuvre photographique immense et incontournable, gravée dans la culture mexicaine du 20ème siècle.

Le musée du Jeu de Paume nous permet actuellement (et cela jusqu’au 20 janvier 2013) de découvrir près de 150 photographies issues d’une recherche artistique qui dura près de 80 années. Don Manuel, qui vécut jusqu’à l’âge de 100 ans, est né à Mexico en 1902 au sein d’une famille modeste. Il s’intéressera très tôt à la photographie et parviendra rapidement à en faire son métier, à s’y consacrer pleinement.
L’exposition qui nous est présentée s’articule autour de 8 mots-clés (« Voir », « Marcher », « Construire »...) ce qui permet non pas de classer ses photos chronologiquement, mais de découvrir une œuvre poétique singulière et envoûtante mettant en exergue une interrogation formelle et un art de la composition absolument prodigieux. 
Les différentes expérimentations iconographiques d’Alvarez Bravo, son incessant cheminement à travers ce pays qui était le sien, le Mexique, avec lequel il se sentait en totale symbiose, son travail assidu et son sens de l’observation, sont autant de questionnements qui feront de lui un grand artiste de la contemplation. Le photographe n’hésitait jamais à rester des heures au même endroit, pour obtenir la lumière qu’il espérait tant. Son œil contemplait le monde et le fixait à jamais sur la pellicule, en prenant le temps... inlassablement.
Dans sa préface de l’exposition « Mexique » (Paris, 1939), André Breton écrivait : « ...Tout le pathétique mexicain est mis par lui à notre portée : où Alvarez Bravo s’est arrêté, où il s’est attardé à fixer une lumière, un signe, un silence, c’est non seulement où bat le cœur du Mexique mais encore où l’artiste a pu pressentir, avec un discernement unique, la valeur pleinement objective de son émotion. » Bel hommage que celui de Breton envers cet artiste empreint d’une sensibilité et d’une humanité touchantes. 
Vous découvrirez une œuvre scrupuleusement composée, essentiellement réalisée en noir et blanc. Alvarez Bravo s’essaya tout de même à la couleur, dont on peut découvrir quelques clichés aux teintes orangées exacerbées (et magnifiques !). Il s’interrogera ainsi sur les techniques relatives à la pellicule couleur et au polaroïd. 
Quant au cinéma, cette rétrospective nous invite à saisir l’importance qu’il représentait pour Don Manuel. Il fit des expérimentations en Super-8 mais fut, à plusieurs reprises, photographe de plateau (entre autres pour Bunuel). 
Mais il est préférable que vous découvriez le cheminement artistique de Manuel Alvarez Bravo par vous-même : ce grand nom de l’art photographique moderne le mérite assurément.