PAUL DURAND-RUEL - Exposition au Musée du Luxembourg

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Le pari de l’impressionnisme
Manet, Monet, Renoir...

« Durand-Ruel était un missionnaire. C’est une chance pour nous que sa religion ait été la peinture. » 
                                                                                                                                                           Pierre-Auguste Renoir

Le Musée du Luxembourg a décidé de faire honneur à un homme, Paul Durand-Ruel, qui fut marchand d’art, galeriste passionné, garant d’un activisme fougueux et enthousiaste grâce auquel les peintres impressionnistes trouvèrent un soutien sans failles et obtinrent une place privilégiée dans l’histoire de l’art. Paul Durand-Ruel (1831 – 1922) va livrer tout au long de sa vie un combat acharné pour faire reconnaître les valeurs et le talent d’un cénacle d’artistes récusés, qui provoquaient l’indignation générale. C’est dire si le galeriste s’est mis en péril, avec une constance et une persévérance qui ont renforcé son rôle de médiateur inspiré, et cela à travers une indéniable intuition d’avant-gardiste. Ce marchand d’art fait des choix audacieux, déterminé à influencer les collectionneurs, à provoquer un désir face à cette mouvance esthétique novatrice, pour bien entendu engendrer un capital artistique nécessaire à la survie de tous.
La commissaire de cette exposition, Sylvie Patry, a rassemblé moult toiles que le marchand a achetées, puis revendues, puis de nouveau acquises. Le choix des œuvres sélectionnées résulte d’une recherche appliquée, exercée au travers des mémoires de P. Durand-Ruel, de ses lettres, et de documents d’époque. L’agencement des différents espaces permet de découvrir les principales phases que le marchand d’art a traversées, au fil de ses rencontres artistiques décisives. 
Paul Durand-Ruel est un bourgeois, catholique fidèle et monarchiste convaincu. Ce qui n’entravera jamais ses relations avec les peintres auxquels il croit, et dont les profonds désaccords d’opinion sont parfois incontestables. Il ne mélangera jamais ses convictions politiques personnelles avec ses goûts esthétiques, respectueux du travail et des opinions de chacun. 
Dès les années 1850, il s’enthousiasme devant la beauté des toiles de Delacroix (dont « L’assassinat de l’Evêque de Liège »), alors chef de file du romantisme, et apprécie des peintres issus du paysage réaliste comme Rousseau, Corot, Courbet, Millet... C’est ce qu’il nomme « la belle école de 1830 » (il acquiert près de 200 C. Corot et une centaine de T. Rousseau). Le jeune homme a la chance de pouvoir travailler avec son père, galeriste, dont il prendra la relève au milieu des années 60. Déjà il décide d’acheter en grande quantité les œuvres des peintres, tente d’obtenir d’eux l’exclusivité pour maîtriser les valeurs marchandes, et élabore de vastes collections. 
Lors de la guerre franco-prussienne, il fuit Paris pour Londres et transporte ses toiles afin d’y agencer des expositions. Il parle anglais, fait rare pour l’époque, et il est à ses yeux important de briller à l’étranger et d’y diffuser les œuvres artistiques françaises. Mais c’est aussi dans la capitale anglaise qu’il fait des rencontres déterminantes: celles de Claude Monet et Camille Pissarro, aux alentours de 1870. Il est conquis et expose leurs toiles dans sa succursale londonienne (mais aussi à Bruxelles). Il revient à Paris en 1872 et se consacre alors à ces artistes en rupture avec l’académisme officiel. Viendront A. Sisley, E. Degas, A. Renoir, B. Morisot, M. Cassatt... et Edouard Manet, que P. Durand-Ruel découvre grâce à deux toiles laissées dans l’atelier d’A. Stevens. Subjugué, le marchand d’art se précipite chez Manet et acquiert toutes les œuvres du peintre. Il est un acheteur fougueux, exalté, et prône l’exclusivité. Il favorise l’organisation d’expositions collectives des peintre impressionnistes, en confiant ses œuvres ou en hébergeant lui-même une grande exhibition de ces toiles dans sa galerie,en 1876. Mais la crise économique a frappé et P. Durand-Ruel, dès 1874, n’a plus les moyens financiers d’acheter quoi que ce soit, et ce pendant cinq longues années. 
Il a l’occasion, vers 1880, de pouvoir de nouveau financer quelques acquisitions, avant de subir une nouvelle crise. Mais en 1883, il arrive à organiser de nouvelles expositions individuelles de Monet, Renoir ou encore Boudin... Ces exhibitions aboutissent à une défaite commerciale mais gagnent enfin une certaine faveur des critiques. Toujours en action, P. Durand-Ruel ne lâche pas et ouvre, en1886, une galerie à New-York où ildécide de séduire les grandes fortunes américaines passionnées d’art. Ce marché clément ouvre de nouvelles alternatives tant sur le plan financier que sur la légitimité d’un mouvement esthétique essentiel, incontournable.C’est un tournant décisif. La bataillede Paul Durand-Ruelfut longue ettumultueuse. La volonté et la conviction de cet homme exceptionnelfurent le fruit d’une exemplarité acharnée. Dans une lettre adressée à Claude Monet, le 15 janvier 1886, il écrit : 
« Je travaille avec une ardeur que vous ne soupçonnez pas pour recruter de nouveaux amateurs et chauffer les autres. Je gagne du terrain chaque jour et nous finirons bien par triompher. »
Claude Monet, en 1924, déclarera : 
« Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout. Il s’est entêté, acharné, il a risqué vingt fois la faillite pour nous soutenir. La critique nous traînait dans la boue; mais lui, c’estbien pis! On écrivait : Ces gens sont fous, mais il y a plus fou qu’eux, c‘est un marchand qui les achète ! » 
Durant ces années de dévouement sans limites, Paul Durand-Ruel aura acquis près de 12000 tableaux, dont 1500 Renoir, 1000 Monet, 800 Pissarro, 400 Degas, 400 Boudin, 400 Cassatt, 400 Sisley ou encore 200 Manet. 
Auguste Renoir, avec qui il lia une grande amitié, ouvre et ferme cette exposition. Il fut celui que P. Durand-Ruel choisit pour réaliser des portraits de sa famille (exposés dans la salle d’ouverture de l’exposition). Ses trois toiles verticales des couples dansant, datant de 1883, font partie de la dernière salle de cette exhibition qu’il est esthétiquement et artistiquement enrichissant d’aller admirer. 
En novembre 1885, Auguste Renoir écriraà son ami Paul Durand-Ruel :
« (...) Ils (le public, la presse et les marchands) auront beau faire, ils ne vous tueront pas. Votre vraie qualité : l’amour de l’art et la défense des artistes avant leur mort. Dans l’avenir, ce sera votre gloire. »

 



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