PRISONERS de Denis Villeneuve

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Ce film, nous l’espérons, se révèlera être plus passionnant qu’un simple thriller. L’intrigue de Prisoners se noue et se déploie dans une banlieue de Boston, au nord des Etats-Unis. 
Deux couples d’amis se réunissent pour fêter Thanksgiving. Leurs deux fillettes de six ans, Anna et Joy, vont disparaître sans que la moindre trace ne puisse être décelée. Grâce au témoignage de leurs aînés, le détective Loki (Jake Gyllenhaal) se dirige vers la piste de l’enlèvement et arrête le jeune Alex (Paul Dano), un simple d’esprit dont le camping-car était garé non loin de la maison des deux familles. Sans preuves tangibles, le jeune homme est relâché à la fin de sa garde à vue, ce qui provoque la fureur de Keller Dover (Hugh Jackman), le père d’Anna. Celui-ci est persuadé de sa culpabilité. Croyant à l’incompétence de l’enquêteur, il décide alors d’enlever et séquestrer Alex. Commencent alors des scènes de torture insoutenables pour le faire parler... 
Le film de Denis Villeneuve nous fait ressentir un véritable malaise. Ce qui a avant tout intéressé le metteur en scène c’est l’exploration de « tout le spectre des réactions humaines face à ce genre de situation ». Plus qu’un thriller c’est une véritable tragédie qui se déroule devant nos yeux ébahis. Le trouble ressenti vis à vis des notions de valeurs humaines et morales aiguise notre propre perception du bien et du mal.
D. Villeneuve scrute ses personnages, met en exergue leur vulnérabilité, leur tristesse mais aussi leur noirceur. Il met face à face deux individus qui, malgré le même combat, se heurtent quant à leur manière de concevoir l’enquête. 
Loki est un détective consciencieux qui obéit aux lois de la morale et du devoir. C’est un flic dont on ne sait pas grand chose, sinon qu’il a toujours résolu ses affaires. Il est solitaire, appliqué, réfléchi. Jake Gyllenhaal, qui a aussi tourné le précédent film du réalisateur, joue magnifiquement bien cette étrange froideurapparente que dégage le personnagede Loki. La précision de son jeu rend troublant ce jeune flic qui paraît désespéré par les journées qui s’enchaînent sans résultats probants, mais qui s‘acharne inlassablement dans sa recherche du moindre indice. 
Keller, lui, est un père de famille qui veut protéger les siens. Il va plonger aveuglément dans la violence. Déchiré par autant de souffrance, il s’enfonce dans un abîme de fureur et de folie, la brutalité le menant inévitablement à la bestialité. Denis Villeneuve nous interroge sur la frontière entre l’état de victime et celui de bourreau, entre l’humain et l’animal. Martyr ou tortionnaire ? 
Hugh Jackman fait magistralement basculer son personnage dans l’horreur. Mais le réalisateur n’en a pas pour autant délaissé les autres membres des familles touchées par ce drame. Chacun a un choix à faire. Et la famille Birch n’est pas épargnée: les parents de Joy devront prendre une décision qui remettra en cause leur propre conception morale. 
N’oublions évidemment pas les personnages d’Alex et de sa vieille tante. C’est Paul Dano qui joue le jeune garçon attardé. Sa posture est angoissante, son regard est inquiétant. Les images de la torture qu’il subit sont insoutenables et pour le moins interrogatives. Tous les protagonistes de «Prisoners» sont éreintéset cloîtrés dans une histoire inextricable, labyrinthique. Leurs fêlures se révèlent inlassablement au fil de ce film qui ne vous laissera pas indemne. 

Une esthétique harmonieusement palpable 

Prisoners est le premier film américain du cinéaste canadien Denis Villeneuve. Habitué à des budgets plus humbles, le réalisateur a cette fois ci travaillé à Hollywood. Signalons tout de même que ce film a d’abord eu la désaprobation de sept studios. C’est Alcon Productions qui a saisi l’opportunité de financer ce projet à la tension dramatique tourmentée, ancré dans une ambivalence profonde de la nature humaine. Le scénario, écrit par le jeune Aaron Guzilowski, a tout l’art de disséquer minutieusement le mécanisme dévastateur qui anéantit les parents des deux petites filles. Il est servi par une lumière magnifique, orchestrée avec brio par Roger Deakins. Ce directeur de la photographie est, entre autres, celui d’une majorité des films des Frères Cohen. Vous imaginez comme sa signature visuelle est intensément présente.
R. Deakins a créé une atmosphère bien singulièreoù la nature prend tout son poids. Le ciel est livide, les teintes jouent sur des nuances blanchâtres, grisâtres. C’est une lumière glaçante qui est omniprésente la journée, avec une présence pluvieuse morne et cafardeuse. La nature y est mélancolique. 
La nuit aussi est très spécifique. Quelques lueurs tentent de transpercer une obscurité profonde et funeste.
Cette esthétique entretient l’angoisse et le malaise psychique des personnages, mais aussi notre propre anxiété. Les tons froids et glacials, le parfait épurement du cadre, les mouvements de caméra lents et mesurés, la mise en scène sobre... tout ce champ visuel participe harmonieusement à ce film vertigineusement angoissant.

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