Sonya Delaunay (1885-1979) Les Couleurs de l'Abstraction

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Une vaste rétrospective dédiée à Sonia Delaunay emplit actuellement les salles du MAM. Le visiteur peut y déambuler à travers les différentes époques de la vie de l’artiste, et ainsi y découvrir les multiples facettes de sa créativité foisonnante et innovatrice.

Près de 400 œuvres sont exposées, témoins de la pluralité artistique de cette grande pionnière de l’abstraction, qui se réjouissait de combiner les arts appliqués et la sacro-sainte discipline artistique qu’incarnait la Peinture.

Ne soyez donc pas surpris de pouvoir vous émerveiller devant des toiles époustouflantes mais aussi de vous enthousiasmer devant des décorations murales, des créations textiles, des publicités, des costumes de théâtre, des articles de mode… ou encore un coffre à jouets ou une mosaïque. Quant à la poésie, elle représentait une dimension vitale, puisqu’elle animait le souffle artistique de cette créatrice hybride, dont la curiosité et l’ouverture aux autres et au monde furent le moteur d’un travail acharné, joyeux et surtout coloré.

L’exposition nous permet d’intégrer et d’accompagner chronologiquement le cheminement de cette femme dont l’œuvre prit naissance dès les premiers balbutiements d’un 20ème siècle fourmillant, et se prolongea jusqu’au crépuscule d’une longue et riche vie, vers la fin des années 70.

Sara Sophie Stern nait en 1885 près d’Odessa, en Ukraine, au sein d’une humble famille juive. Confiée à son oncle maternel Henri Terk, avocat fortuné vivant à Saint-Pétersbourg, elle évolue dans un cercle bourgeois où les artistes peintres, écrivains, poètes… se côtoient, et grandit ainsi dans un milieu où la création artistique est amplement estimée.

Elève à l’Académie des Beaux-Arts de Karlsruhe, en Allemagne, elle accomplit déjà des portraits et autoportraits réalisés à la mine de plomb ou au fusain, ainsi que quelques esquisses de nus et de paysages. Nous pouvons en découvrir quelques-uns dès l’entrée de l’exposition.

Mais très vite elle décide de se rendre à Paris. Nous sommes en 1905 et elle n’a que 20 ans. Le fauvisme l’interpelle particulièrement. C’est au Salon des Indépendants qu’elle entrevoit les toiles de Gauguin. Elle est touchée par son synthétisme formel, où les couleurs en aplat, d’une vivacité éclatante pure, sont cernées de noir. Cette approche picturale inspire Sonia. En attestent ces magnifiques tableaux réalisés entre 1906 et 1908, comme « Philomène », « La finlandaise » ou encore « Jeune finlandaise ». L’essence de la couleur résonne, les traits et contours y sont accentués, surlignés. Les différentes tonalités s’agencent de manière structurale et la pureté de ses choix chromatiques aux accents intenses est époustouflante. Quelle modernité !

Sa perception est déjà toute singulière. Sa démarche créatrice prend naissance grâce à cette perpétuelle exploration formelle, baignée dans la lumière et la couleur.

Pour obtenir la nationalité française, Sonia épouse un galeriste et critique d’art, Wilhelm Uhde. C’est une union liée uniquement par l’amitié. Cet homme expose des peintres comme Braque, Dufy, Vlaminck… et un jour arrive un certain Robert Delaunay. Sonia croise Robert en 1909 à la galerie. Elle divorce rapidement et se marie en 1910 à cet homme qu’elle aime profondément, avec qui elle partagera son avidité créatrice et son amour de l’art. Ensemble ils amorcent une épopée abstractive qui éclot de la pureté de la couleur, de la vivacité des tons, de la lumière. Ils posent un œil neuf et aspirent à émanciper la peinture de son aspect figuratif. Leurs proches sont esthètes, poètes… Leur envie : s’inscrire dans l’harmonie d’une existence joyeuse et créative, en perpétuel lien avec les arts et la beauté. Leur union donne naissance au simultanéisme, cosmos imprégné de « prismes colorés », où la couleur détient une toute-puissance constructive et cadencée, jaillissant du contraste et de l’influence mutuelle que chaque sphère colorée crée en se rapprochant d’une autre. L’œuvre est alors animée par ce frémissement des tons qui s’entremêlent et s’opposent, comme nous le révèle cette magnifique toile peinte en 1913 : « Le Bal Bullier ». La déstructuration formelle est rythmée par ces nouvelles combinaisons de couleurs qui se créent grâce aux contrastes simultanés.

Il est important de s’arrêter un instant sur ce que représentait cette sensibilité toute particulière que Sonia Delaunay ressentait lorsque ressurgissaient les souvenirs de son enfance en Russie : les vêtements bigarrés du folklore slave, les marchés aux étalages ardemment colorés, les jardins éclatants… ces couleurs vives ont dès le départ imprégné son univers pictural. Et ses voyages en Espagne et au Portugal, baignés de ces teintes resplendissantes, ne feront que renforcer la vivacité de ses choix chromatiques.

Mais déjà elle commence à créer au sein d’autres domaines : la couverture de son fils (1911), formée d’une mosaïque de diverses étoffes, le coffre à jouets (1913), … ainsi que des vêtements et des décorations murales. Le simultanéisme y est de rigueur, l’artiste désirant développer sa créativité autant dans la peinture que dans les arts appliqués. Tout est propice à expérimentation, et bien entendu la littérature n’échappe pas à la passion de Sonia. Grande admiratrice de la poésie de Blaise Cendrars, elle s’associe à lui pour colorer « La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France », ou encore illustre ses œuvres littéraires préférées de multiples papiers aux configurations géométriques éclatantes.

L’échange est au centre des recherches esthétiques de l’artiste. Elle converse avec toutes les formes artistiques, en les interconnectant et en supprimant toute notion de hiérarchie entre elles. Sonia Delaunay s’inscrit dans une démarche avant-gardiste où l’art s’exprime librement, indépendamment de tout confinement au sein d’une discipline.

Après avoir mis en exergue ses « Prismes électriques », avec cette vitalité de cercles et de courbes éblouissants, Sonia continue à travailler sur cette combinaison du réel et de l’imagination, avec ces entités concentriques abstraites.

Pendant la première Guerre Mondiale, elle et Robert séjournent en Espagne et au Portugal. La peintre y déploie son énergie en réalisant des costumes de théâtre et des vêtements. La mode prend une place conséquente puisqu’elle décide de commercialiser ses créations à Madrid, puis à Paris. C’est un succès. En 1925, elle collabore avec un créateur de mode, Jacques Heim, afin de concevoir au gré de différentes matières, des motifs, des tissus aux imprimés novateurs, des costumes de ballet,…Sonia Delaunay aime explorer, s’enrichir de toutes les substances artistiques.

Du couple Delaunay éclot une abstraction de plus en plus épurée. Ils sont présents au Salon des Réalités Nouvelles et, en 1937, Sonia crée trois immenses panneaux décoratifs pour habiller les Pavillons de l’Air et du Chemin de fer à l’Exposition internationale des arts et techniques. La Galerie Denise René la soutient et expose ses toiles. Mais la Seconde Guerre Mondiale surgit, et Robert meurt en 1941. La peintre est dévastée et aura toujours le dessein de faire reconnaître le travail de son mari, afin que son œuvre se distingue durablement et que les gens la comprennent et en cernent l’importance.

La suite de l’exposition nous permet de découvrir l’évolution de l’artiste vers une gamme chromatique en mutation, avec des gouaches abstraites, libres créations émotionnelles.

Sonia entretiendra ce souffle créatif jusqu’à la fin de sa vie et ce, en continuant d’explorer les autres disciplines, comme dans son travail avec les Editions Artaurial, sa réalisation de mosaïques, de tapisseries, ou encore de tapis.

Cette grande dame aura imprégné de couleurs et de lumière l’univers pictural et la mode, en effectuant un voyage vers l’épure et l’abstraction, en harmonie avec toutes les expressions artistiques. De la vie partagée avec son époux, elle dira :

« Nous nous sommes aimés dans l’art comme d’autres couples se sont unis dans la foi, dans le crime, dans l’alcool, dans l’ambition politique. »

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