DEUX JOURS, UNE NUIT DE LUC ET JEAN-PIERRE DARDENNE (2/2)
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Il y avait bien longtemps que le sujet de « Deux jours, une nuit » trottait dans la tête des frères Dardenne, avec en toile de fond la contrainte de la performance et les rivalités que cela engendre chez les travailleurs, avec une virulence écrasante. Les cinéastes envisageaient d’y faire évoluer un protagoniste qui perdait son travail suite à un vote de ses collègues, décidé par le patron d’une entreprise trop petite pour qu’il y ait un syndicat et pour qui l’exigence économique ne tolérait aucune déficience de cadence.
Durant plusieurs années le scénario fut délaissé à deux reprises, avant d’être définitivement achevé. C’est la découverte du personnage de Manu qui fit progresser l’écriture. L’exclusion de Sandra la menait à la dérive mais la solidarité de son mari, puis celle de certains de ses collègues, permettaient l’avancée de l’héroïne.
Quant à la rencontre avec Marion Cotillard, elle se fit en Belgique lors du tournage de « De rouille et d’os » de Jacques Audiard que les frères Dardenne coproduisaient. Cette rencontre fortuite séduisit indéniablement les cinéastes. La comédienne qui admirait leur travail n’hésita pas.
Il y eut plus d’un mois de répétitions avant de débuter le tournage qui dura 11 semaines. Les frères Dardenne ont toujours besoin de ce travail en amont car leur manière de tourner est très particulière, comme ils le racontent eux-mêmes : « (…) nous tournons en plans séquences, certains très longs, de 4 minutes, et qui nécessitent parfois de multiplier les prises, jusqu’à 80. Une scène peut parfois nécessiter deux jours pleins de travail avant de trouver l’énergie juste, la pulsation nécessaire. » Et, comme il est d’usage chez eux, le film fut tourné dans la chronologie du récit. Dans leur vision il était fondamental que les comédiens ressentent, autant dans leur corps que psychologiquement, l’évolution de ce périple et le cheminement de chacun. Tout doit être égalitaire sur leur plateau : la manière d’aborder et de filmer chaque comédien mais aussi les conditions ordinaires de vie (cantine,…).
La rigueur est de mise pour servir un cinéma concis où chaque élément de mise en scène concourt vers cette justesse et cette précision qui attestent leur signature. Par exemple les couleurs des vêtements de Sandra sont vives car elle est un personnage qui vient de vivre une grave dépression et qui ne veut pas replonger. Son choix de porter des couleurs gaies reflète un désir d’améliorer sa situation et encore une fois d’avancer.
Et comme à l’accoutumée les cinéastes ont utilisé ce qu’ils nomment la musique « in », en ce sens que les seuls morceaux que le spectateur puisse entendre sont les mélodies écoutées à la radio par les personnages. Rajouter une musique lors du montage final ne leur semble pas opportun. Le rythme du film n’est pour eux nullement amputé tel qu’il transparaît à l’image et le suspense reste présent. Ils ne désirent pas « dramatiser d’avantage » les émotions des personnages. Pour ressentir les pensées de Sandra, le silence est à leur avis nécessaire.
Cette concision et cette dynamique bien singulière créent une puissance humaniste qui leur est chère. Et qui suscite une admiration de leurs pairs comme des spectateurs. Nous ne nous en lassons pas.
Date de sortie : 21 mai 2014 - Réalisé par : Jean-Pierre Dardenne - Luc Dardenne - Avec : Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Pili Groyne - Durée : 1h35min - Pays de production : France - Année de production : 2014 - Distributeur : Diaphana
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